Les débats sont des confrontations d’idées liées à des arguments, des identités, despersonnalités, des références culturelles variées. Du point de vue du groupe, ce sont parfois aussi des formes de conflit. En fait, s’il y a divergence d’idées sans conflit interpersonnel, le débat émerge rarement car les acteurs n’en ressentent pas vraiment le besoin. Ils savent inconsciemment que les idées varient avec les personnes et qu’il n’est pas forcément souhaitable de vouloir être tout le temps d’accord avec tout le monde.
Lorsque le débat émerge en public, c’est donc souvent sous forme d’étape d’un conflit entre personnes. De ce fait, pour bien réfléchir aux manières de gérer les débats , il est plus qu’utile de réfléchir aux étapes des conflits. Cela permet tout autant de prévenir des discussions destructrices que de mieux les gérer lorsqu’elles surviennent.
« Il est important de remarquer qu’un conflit n’arrive pas brutalement et ex nihilo. Il a toujours été précédé d’une phase de développement dont les étapes sont en général les suivantes.
· Le malaise : rien n’est dit, on ne peut pas vraiment parler de problème à ce stade, mais les choses ne tournent pas rond.L’émotion des voix, le positionnement des corps nous l’indique sans que l’on puisse vraiment mettre d’éléments objectifs pour décrire le problème.
· Les premiers incidents : il n’y a pas d’incidence grave mais de petits énervements surgissent dans le groupe, agaçant certains de ses membres.
· L’incompréhension : chacun commence à porter des jugements négatifs sur l’autre, à avoir une perception négative de l’autre.
· La tension : des attitudes et des comportements négatifs s’ajoutent à cette appréciation négative.
· La crise : le comportement change, le fonctionnement normal devient difficile, des gestes et des phrases extrêmes sont accomplis. Il peut y avoir rupture brutale, violence, comportements extrêmes.
Selon l’étape du conflit, l’usage du débat n’a ni la même urgence ni le même enjeu. Si on est à l’étape du malaise ou des premiers incidents et que l’animateur du groupe devine le thème et les relations qui sont en jeu, un DESC ou un débat de groupe bien géré peut tout à fait prévenir les problèmes et ajuster les situations.
À l’étape de l’incompréhension, le débat émerge souvent en public, et notamment devant un référent d’autorité. Lorsque c’est possible, c’est un moment opportun pour gérer le débat au moyen des fiches ici proposées. A ce stade, l’animateur peut choisir de postposer le débat, mais il est alors important de ne pas traîner à prendre le problème et/ou ce débat en main, au risque de passer aux étapes suivantes.
À l’étape des tensions, le débat collectif est rarement une solution. Il faut plutôt lui préférer des médiations individuelles pour faire redescendre les émotions et de manière à préparer un débat collectif pour terminer de réajuster la situation.
À l’étape de la crise, le débat est à la fois incontournable et très difficile à gérer. Pour y parvenir, il s’agit alors de déployer les multiples ressources que nous proposons, en particulier celles liées à la résolution de conflit ainsi que les techniques de gestion du débat « à chaud ».
- Bruno Hourst, Au bon plaisir d’apprendre, Tarsul, Éditions du mieux apprendre, 2018.
- Prêts pour la vie, ouvrage répertoriant des fiches de communication non violente inspirées de la démarche de Rozenberg :
- Fiche de Philojeunes : comment sortir du conflit par la négociation.