Outil

L'ENARP

Issu de la rhétorique grecque, voici un format de discours éprouvé et équilibré. C'est une valeur sûre pour nous aider à organiser nos idées de manière à ce qu'elles soient davantage impactantes. Evidemment il ne s'agit pas de la seule forme de discours légitime, mais l'ENARP est un grand classique sur lequel on peut toujours compter.

L'exorde, ou "accroche"

C'est le tout début du discours, les premières phrases qui visent à accrocher l'auditoire, à captiver son attention.  L'exorde n'est pas seulement importante pour avoir cette attention.  Elle comprend aussi les premières idées que nous partageons.  Or il y a dans le discours un "effet de primauté" qui fait que ce sont précisément ces idées que le public retiendra le plus.  C'est pour cette raison que l'accroche doit retenir toute notre attention. 

Par exemple :

"Aujourd'hui j'ai envie de vous parler de cette arme surpuissante, de cette arme trop souvent oubliée, de cet outil dont nous sommes trop souvent privés et que pourtant tout le monde peut manier : la parole. "

La narration

Suivant l'exorde, la narration décrit la position à proposer et/ou défendre.  Elle pose clairement les termes et la question de manière à ce que l'auditoire comprenne le mieux possible le sujet.  Pour la narration encore plus que pour tout le reste du discours, il est important de respecter la règle des 4 "c" : clair, concret, concis et complet. 

Par exemple :

"La parole, ce sont bien sûr les mots que l'on articule et les phrases que l'on enchaine.   Mais ce sont aussi les émotions de notre voix, les gestes qui les accompagnent et toutes ces informations dans les yeux de nos auditeurs, toutes ces mimiques qui nous permettent d'adapter notre propos pour tenter de toucher au mieux et de nous faire comprendre". 

L'argumentation

Une fois exposée, il est important de défendre sa position, d'expliquer pourquoi on la "tient", d'en exposer les raisons.  Ce moment, qui peut comprendre plusieurs arguments successifs, est l'étape la plus importante en termes de sens. 

Par exemple :

"Si la parole est importante, c'est parce qu'elle est tout simplement le premier outil de la démocratie.  Elle permet d'échanger nos idées, de nous ajuster rapidement à celle des autres.  Elle permet de "nous entendre" et de préparer l'action collective.   La parole est le chemin le plus important de la liberté d'expression et, ce faisant, elle est le ciment de nos institutions démocratiques. "

La réfutation

La réfutation est le complément de l'argumentation.  Il n'est pas suffisant de montrer qu'on a raison.  Il est tout aussi important de répondre aux arguments de nos opposants (réels ou imaginés).  C'est donc le rôle de la réfutation d'exposer un ou plusieurs contre-arguments et de montrer qu'ils ne sont pas pertinents. 

Par exemple :

"Alors bien sûr certains vous diront que les paroles s'envolent et que les écrits restent, ou que "les belles paroles" sont précisément une maladie qui colore nos société d'hypocrisie.  Je leur répondrai que la parole n'empêche aucunement l'écrit : elle le précède pour le préparer, et le suit pour éviter qu'il ne se cantonne à être de l'encre sur du papier.  Je leur répondrai que la parole est certes le siège de l'émotion et que de certaines il faut se méfier, mais que c'est précisément là le défi.  Pour que les mots et les débats ne soient pas que de la théorie, il est nécessaire qu'il rencontrent le monde des émotions et des relations, qu'ils soient une partie intégrante de notre vie." 

La péroraison, ou conclusion

Après la réfutation, il reste alors à conclure, pour ramasser sa position, éventuellement en ouvrant sur un autre sujet ou une autre question.  Pour la péroraison, il s'agira cependant toujours de tenter de marquer les esprits car, avec le tout début du discours, ce sont bien les dernières idées exposées qui restent le plus souvent dans les oreilles de nos auditeurs. 

Par exemple :

"Et puis la parole est avant tout le terrain de la réciprocité.  Il faut la saisir ou la porter tout autant que l'offrir aux autres pour qu'ils puissent la prendre à leur tour.  Aussi permettez-moi, chers auditeurs, de terminer ici en vous cédant la place : j'ai envie de vous écouter. "

Rem : l'exemple ici proposé est bien sûr tout à fait indicatif.  Des milliers d'autres existent, plus ou moins longs, portant sur des thèmes illimités. 

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